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AFP
| 27-07-06
Michel
Aumont et un jeune sourd-muet tournent pour France
2
Dans
la cour d'une grande maison bourgeoise de Crécy-la-Chapelle
(Seine-et-Marne), Claire Borotra, en robe à panier, et
Michel Aumont, en soutane d'écclésiastique, descendent
d'une calèche attelée de deux chevaux: elle est la comtesse
de Solar, mère d'un enfant sourd-muet, il est l'abbé de
l'Epée.
Baptisé "L'Enfant du secret", ce téléfilm, en tournage pour
France 2, raconte moins l'histoire du célèbre abbé,
codificateur du langage des signes à la fin du XVIIIe
siècle, que celle du procès Solar, qu'il avait intenté pour
rendre son identité à un jeune sourd-muet abandonné par sa
mère.
"Ses parents l'avaient abandonné comme un malade, comme on
se débarrasse maintenant d'un chien ou d'un chat dont on ne
veut pas. Cela se pratiquait à l'époque, parce que les gens
avaient honte", explique Michel Aumont.
"Le personnage principal du film est le jeune sourd-muet",
assure de son côté le réalisateur Serge Meynard, qui se
félicite d'avoir confié le rôle à Joshua Julvez, 14 ans et
demi, un adolescent passionné de théâtre, frappé de cette
infirmité et découvert, après de longues recherches, dans
une institution nancéenne.
A l'aise et détendu, Joshua, qui n'oralise pas, répond en
langage des signes aux questions des journalistes, assisté
par l'interprète que la production lui a assignée pour le
tournage. C'est son premier film et il a surtout appris à
se concentrer, pour ne pas se laisser distraire par
l'équipe du tournage qui s'agite autour de lui.
Il n'a pas tout compris à la simple lecture du scénario,
explique Serge Meynard, qui s'est appliqué à raconter
lui-même l'histoire à Joshua, par le truchement d'une
interprète. Les jeunes sourds-muets, qui apparaissent au
côté de Joshua dans le film comme pupilles de l'abbé, ont
également visionné un DVD où l'histoire de "L'Enfant du
secret" leur est racontée en signes.
Pour les besoins du film, tout le monde, sur le plateau, a
appris quelques rudiments du langage des signes, ne
serait-ce que pour dire "bonjour" au jeune acteur. Michel
Aumont lui-même a suivi une soixantaine d'heures de cours
avec un instructeur. Pas assez pour "signer" de façon
courante, suffisamment pour "dialoguer" avec son
partenaire.
"Pour les sourds-muets qui préfèrent le langage des signes
au difficile apprentissage de l'oralisation, l'abbé de
l'Epée est une sorte de héros", souligne la productrice
artistique Bénédicte Lesage.
Selon Serge Meynard, le choix de l'acteur incarnant l'abbé
de l'Epée s'est notamment porté sur Michel Aumont en raison
d'une certaine ressemblance physique. Le personnage n'avait
jamais été porté au cinéma, si ce n'est une "silhouette"
dans le film "Ridicule".
"Au total, c'est un mélodrame au sens positif du terme,
mais avec l'ambition de faire mieux connaître, mieux
comprendre et mieux tolérer les sourds-muets", conclut
Michel Aumont.
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